CHACOM-Oscar : plus de route pour la mobilité partagée
Voiture, trottinette électrique ou encore place de parking. Il existe environ 60 fournisseurs d'offres de mobilité partagée en Suisse. L'association CHACOMO, Swiss Alliance for Collaborative Mobility, représente un grand nombre de ces prestataires. Son objectif : promouvoir la mobilité collaborative. Après 2023, l'association a décerné pour la deuxième fois en 2024 l'Oscar CHACOM - à deux villes qui s'engagent particulièrement en faveur de la mobilité partagée. Que font Lucerne et Schaffhouse mieux que les autres ? Et pourquoi cette distinction est-elle nécessaire ?
Le car sharing commence par la construction :
Dans la ville de Lucerne, ceux qui prévoient des places de stationnement pour le car sharing dans leurs projets de construction peuvent en contrepartie réduire le nombre de places de stationnement obligatoires. C'est ce qu'a décidé Lucerne dans son règlement municipal sur les places de stationnement. Concrètement, une place de parking pour l'autopartage remplace quatre places de parking pour les voitures privées. Lucerne veut ainsi motiver les maîtres d'ouvrage à promouvoir de manière ciblée le car sharing comme alternative à la voiture privée. Comme preuve, un contrat avec une organisation d'autopartage doit être présenté lors du dépôt de la demande de permis de construire. Le règlement sur les places de stationnement est en vigueur depuis 2021. Un premier projet est actuellement en cours de réalisation sur un ancien site industriel et commercial. 151 logements répartis dans 12 maisons, du studio à l'appartement de 12 pièces, doivent y être construits.
Aucun autre projet n'est actuellement prévu à Lucerne. Pourquoi ? David Walter, chef de projet mobilité à la ville de Lucerne, explique : "Le règlement n'est pas en vigueur depuis longtemps. Il faut encore un peu de temps pour que les nouvelles possibilités soient prises en compte dans la planification des projets" Et il suppose que c'est aussi lié à des temps de planification plus longs, par exemple dans le cas de développements de sites plus importants. Mais l'écho médiatique qui suit l'Oscar CHACOM pourrait certainement aider à développer une prise de conscience pour un aménagement efficace et durable des parkings. Et aussi attirer l'attention sur le fait que cette possibilité existe.
De Schaffhouse à Sharehausen :
Les offres de partage existaient certes depuis longtemps à Schaffhouse, mais la comparaison avec d'autres villes a permis d'identifier un potentiel supplémentaire. C'est pourquoi la ville de Schaffhouse a lancé une offensive de partage dans le cadre d'opérations test en 2023/2024 et a proposé trois offres de partage différentes à ses citoyens :
Des abonnements d'essai gratuits pour l'autopartage, une camionnette électrique bon marché à partager et, pour la première fois, des scooters et des vélos électriques mis à disposition sur le territoire de la ville. Suite à des réactions positives, l'offre a été étendue aux communes voisines pendant la phase de test. A partir du printemps 2025, les scooters électriques seront proposés dans le cadre d'une exploitation permanente. "La ville de Schaffhouse a ainsi pu lancer définitivement la mobilité partagée et étudie d'autres développements", déclare Ramon Göldi, directeur de la "Smart City" de Schaffhouse.
L'association CHACOMO a décerné l'Oscar CHACOM pour la deuxième fois en 2024. Pourquoi cette distinction est-elle nécessaire ? C'est ce qu'a voulu savoir energeiaplus Mathias Halef, directeur adjoint de l'association.
Energeiaplus : Dans les grandes villes de Berne et de Zurich, Shared Mobility est déjà bien établi. A-t-on vraiment besoin de cet Oscar CHACOM ?
Mathias Halef : Avec l'Oscar CHACOM, nous souhaitons faire connaître au public des projets novateurs, créer une reconnaissance et une motivation et sensibiliser le public et les politiques. L'objectif est de mettre l'accent sur l'importance de la promotion de la mobilité partagée et d'inspirer d'autres décideurs à soutenir de tels concepts. Il s'agit également de donner des impulsions à d'autres personnes intéressées par la mobilité partagée, par exemple dans le domaine du développement urbain, de l'aménagement du territoire ou des entreprises de transport. Des villes comme Berne et Zurich ont également un potentiel de développement pour promouvoir la mobilité collaborative.
L'Oscar CHACOM fait partie du programme "Shared Mobility Accelerator". L'accent principal est mis sur la création de bases de planification ainsi que sur la mise en œuvre de mesures visant à augmenter l'acceptation de la mobilité partagée par le grand public. Le programme est en cours depuis juillet 2023 jusqu'en décembre 2025 et est soutenu par SuisseEnergie.
Qui peut gagner un Oscar CHACOM ? Et : quels critères doivent être remplis ?
L'Oscar CHACOM est décerné aux communes, villes, cantons ou régions qui ont été nominés. Les nominations sont ouvertes à tous ceux qui s'intéressent au sujet. Un jury choisit ensuite les gagnants. Il peut s'agir d'engagements dans différents domaines :
- Développement de réglementations et de conditions cadres exemplaires (voir l'exemple de Lucerne)
- Intégration futuriste dans des stratégies et des concepts de mobilité communaux
- Mise en œuvre de projets pilotes et de collaborations innovants (voir l'exemple de Schaffhouse)
- Développement de mesures de promotion ciblées pour augmenter l'acceptation
- Campagnes et mesures de communication avec potentiel de multiplication
- Investissements dans le développement d'infrastructures pour la mobilité partagée
Le jury, composé du comité de CHACOMO et de représentants de l'OFEN, discute des soumissions et les évalue. Lors de l'évaluation, les trois critères suivants sont mis en avant :
- Approche innovante : La mesure/le projet adopte-t-il/elle une approche inédite et largement inexpérimentée pour promouvoir la mobilité partagée ?
- Échelle nationale : la mesure/le projet sert-il de modèle à d'autres collectivités territoriales et peut-il être bien appliqué et mis en œuvre ailleurs ?
- Impact durable : quel est l'impact par rapport aux objectifs de l'Agenda 2030 pour la mobilité partagée (intégration systémique, durabilité écologique, durabilité sociale, rentabilité) ?

Mathias Halef est directeur adjoint de l'association CHACOMO. Image : Académie de la mobilité du TCS
Aujourd'hui, près d'un demi-million de personnes utilisent le car sharing en Suisse. D'ici 2030, elles devraient être un million.
Actuellement, les quelque 500'000 utilisateurs de l'autopartage en Suisse disposent d'environ 10'000 voitures partagées par des exploitants de flottes spécialisés et des plateformes où des particuliers proposent leur véhicule à partager. Du point de vue de la branche, il semble raisonnable et réaliste de viser au moins un million d'utilisateurs de l'autopartage d'ici 2030, ce qui nécessiterait une offre totale d'environ 20'000 véhicules partagés. Selon les conclusions d'une étude commandée par Mobility car sharing, on estime qu'un tel nombre de véhicules partagés remplacerait 360'000 véhicules privés. Cela représente tout de même 7.5% du nombre total actuel de voitures particulières en propriété privée en Suisse. Cela permettrait d'économiser autant de places de stationnement - et même davantage en principe, puisqu'une place de stationnement est économisée aussi bien au point de départ qu'au point d'arrivée. La surface libérée par les voitures privées remplacées s'élève à 4'500'000 mètres carrés, soit l'équivalent de 630 terrains de football. Ces chiffres illustrent l'énorme potentiel, notamment dans l'optique d'une réaffectation de l'espace urbain limité. L'exemple du règlement sur les places de stationnement à Lucerne montre comment cela peut être mis en pratique.
Où voyez-vous les plus grands défis ?
L'objectif est de mettre en place une offre de partage accessible sur l'ensemble du territoire. Le plus grand défi : mettre à disposition l'infrastructure nécessaire, par exemple des stations de recharge pour les voitures électriques qui sont partagées. En outre, il s'agit d'augmenter l'acceptation des utilisateurs potentiels, surtout parmi ceux qui tiennent encore à posséder leur propre véhicule ou une deuxième voiture. Il est également essentiel de créer des incitations et de lever les inhibitions, par exemple en ce qui concerne la disponibilité des véhicules.
En outre, une étroite collaboration entre les pouvoirs publics, les fournisseurs et les utilisateurs est décisive, tout comme le fait de surmonter les obstacles technologiques et d'intégrer différentes plates-formes dans les systèmes existants. Les problèmes de financement des offres en dehors des zones urbaines compliquent encore la croissance. Un autre obstacle est l'interconnexion insuffisante entre les différentes offres de mobilité partagée, ce qui a pour conséquence que le potentiel ne peut pas être pleinement exploité.
CHACOMO s'engage à considérer la mobilité partagée comme un écosystème unifié qui complète les transports publics et réduit les inefficacités du transport individuel. Pour que la mobilité partagée puisse continuer à s'établir, il faut surmonter ces défis et trouver des solutions pour une meilleure intégration. Dans ce contexte, CHACOMO soutient également une intervention du Conseil national qui prévoit la suppression des obstacles réglementaires afin d'encourager la poursuite du développement du marché de la mobilité partagée.
Entretien/texte : Brigitte Mader, Communication, Office fédéral de l'énergie
Image : Keystone - Michael Buholzer
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