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Atténuer les risques géologiques pour la géothermie?


Au même titre que d’autres projets énergétiques, les projets de géothermie profonde doivent faire face à un certain nombre de risques. Chaque projet a un contexte particulier et donc son propre lot de points sensibles. Certains de ces risques peuvent et doivent être supportés par le porteur de projet, d’autres sont systématiquement transférés à des organismes mieux à même de les assumer; mais d’autres risques encore peuvent être suffisamment élevés pour constituer, en l’absence d’un mécanisme de transfert des risques, un obstacle à la réalisation du projet.

Ces points sensibles peuvent être d’ordre technique, économique, commercial, organisationnel, politique ou sociétal. Citons quelques exemples fréquemment rencontrés: le manque de conditions-cadres (risque politique), une mauvaise gestion de projet (risque organisationnel), la non-disponibilité de solutions d’assurance (risque commercial) ou encore les taxes et redevances (risques économiques).

On trouve dans la catégorie des risques techniques, les risques liés au sous-sol et au réservoir géothermique, et en particulier ceux géologiques. Ce sont les risques de ne pas trouver la ressource géothermique escomptée pour l’utilisation en surface planifiée. C’est le cas par exemple d’un forage qui cible de l’eau géothermale pour alimenter un réseau de chauffage à distance, mais qui n’en trouve pas ou à un débit trop faible pour justifier une exploitation durable et rentable. À moins que le sous-sol ne soit particulièrement bien exploré et caractérisé pour l’utilisation de l’énergie géothermique, comme c’est le cas dans la région de Lardarello, le bassin parisien ou encore le nord de l’Anatolie en Turquie, les risques géologiques représentent la principale barrière au développement de la géothermie en Europe, mais aussi dans le monde entier. Cela entrave sérieusement l’adoption par le marché de cette remarquable énergie renouvelable.

Certains pays d’Europe ont déjà mis en place des mesures d’atténuation qui permettent aux promoteurs de projets de transférer une partie des risques géologiques à des organismes publics. C’est le cas par exemple en France (fonds d’assurance), en Allemagne (prêts remboursables) et également en Suisse. En effet, les garanties pour la géothermie et les contributions à la recherche des ressources géothermiques inscrites dans la loi sur l’énergie, tout comme les contributions pour la géothermie de la loi sur le CO2 sont des mesures de mitigation des risques géologiques. Elles ont été jugées nécessaires pour pallier le manque de connaissance du sous-sol suisse et rapprocher la géothermie du marché. Dans certains pays, des solutions hybrides comme des partenariats public-privé (France) ou des assurances purement privées (Turquie) font leur apparition. Toutefois, dans la plupart des pays européens, le secteur privé de l’assurance reste en retrait, principalement car la géothermie reste un marché de niche encore trop risqué.

Débuté en 2018, le projet européen GEORISK visait à développer des mécanismes financiers qui atténuent l’impact des risques géologiques en les répartissant de manière à ce que les porteurs de projets puissent en accepter leur juste part. Le déploiement de telles mesures se concentrait sur l’Europe (Hongrie, Grèce, Pologne…) et certains pays tiers clés (Kenya, Mexique…). Sous la direction de l’EGEC (European Geothermal Energy Council), l’OFEN a participé pour la Suisse à l’élaboration de bonnes pratiques pour l’établissement de telles mesures de mitigation aux côtés de partenaires français, allemands, polonais, hongrois, grecs et turcs.

Le projet GEORISK s’est terminé à la fin septembre; son bilan est très positif. Le travail effectué pour diffuser les meilleures pratiques des programmes d’atténuation des risques géologiques a été crucial pour permettre leur reconnaissance comme une mesure efficace pour promouvoir les projets de géothermie. Ce travail a certainement contribué à l’annonce en juillet 2021 de la mise en œuvre d’un tel programme publique en Hongrie. D’autres pays, comme la Belgique (Wallonie), le Danemark, la Pologne, la Grèce et la France sont désireux d’utiliser les connaissances rassemblées dans le cadre du projet GEORISK pour mettre à jour ou élargir les systèmes existants ou d’en créer de nouveaux. De plus, les travaux du projet de GEORISK proposent des solutions concrètes pour que la géothermie profonde puisse contribuer à atteindre les nouveaux objectifs fixés par la Commission Européenne dans une récente série de propositions d’amendements de la Directive sur les Énergies Renouvelables, soit 40% d’énergies renouvelables et 55% de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030.

Le site du projet GEORISK regorge d’informations précieuses sur les bonnes pratiques pour établir un nouveau programme d’atténuation des risques, un registre des risques en ligne avec des propositions de mesures de mitigation ou tout simplement sur l’état des programmes de mitigation de risques actuellement en œuvre et ayant existé.

Nicole Lupi, spécialiste géothermie à l’Office fédéral de l’énergie

 

 

 

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