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Une centrale de réserve nationale virtuelle formée par des groupes électrogènes de secours


L’hiver dernier, l’approvisionnement en électricité en Europe et en Suisse avait été mis à l’épreuve.  Pour prévenir les problèmes d’approvisionnement la Confédération avait mis en place différentes mesures qui restent encore d’actualité pour cet hiver. Dans le domaine de l’électricité, des réserves hydrauliques ont été acquises, trois centrales de réserve à gaz sont prêtes à démarrer à la demande et en dernier recours, et il existe une centrale de réserve nationale virtuelle composée de groupes électrogènes de secours. Cette dernière se compose de cinq agrégateurs (fournisseur d’énergie) qui acquièrent des capacités de production auprès d’entreprises qui mettent à disposition leur générateur de secours en cas de potentielle diminution de l’approvisionnement en électricité.

Sur demande des autorités, ces agrégateurs peuvent enclencher à distance les différentes installations de leur réseau pour soutenir l’approvisionnement. A noter que si le problème d’approvisionnement est dû à un blackout ou dans le cas d’un contingentement, les générateurs fonctionnent pour leur propriétaire qui sont parfois des bâtiments sensibles comme par exemple des hôpitaux ou des centres de calcul.

Dès cet hiver, trois nouveaux agrégateurs ont été ajoutés à la liste afin d’accroitre encore la puissance à disposition. VGT, EWZ et Primeo pourront maintenant aussi enforcer la centrale électrique nationale virtuelle (voir communiqué de presse du 7 décembre 2023). Ils rejoignent BKW et CKW qui eux sont en place depuis l’hiver dernier. Interview de Frédéric Maurer, spécialiste à l’OFEN qui participe à la mise en place de cette centrale.

Monsieur Maurer êtes-vous satisfait de l’arrivée de ces nouveaux agrégateurs ?
Nous avons actuellement une puissance de 135 MW disponibles cet hiver avec les contrats passés par les premiers agrégateurs. Pour continuer à développer cette puissance  il est très positif d’accueillir VTG, EWZ et Primeo comme partenaire. Cela permettra d’accélérer l’acquisition des groupes de secours pour atteindre l’objectif d’environ 280 MW.

Pour combien de temps les propriétaires mettent à disposition leurs installations ?
Les installations sont à disposition chaque hiver depuis le 15 février au 30 avril, et cela dès que le contrat est signé. Mais pour mettre à disposition une installation, elle doit répondre à différents critères techniques et surtout avoir une puissance minimum de 750 kW par site.

Quels types d’entreprises mettent leurs groupes de secours à disposition ?
Nous avons une diversité de partenaires. Ce sont principalement des firmes qui ne peuvent pas se permettre d’avoir des coupures de courant et doivent rester fonctionnels en tout temps comme les hôpitaux, les centres de calculs, les producteurs dans le domaine de la chimie ou la pharmaceutique. Certains ont des installations de très grande puissance et il est intéressant de pouvoir les intégrer dans notre centrale virtuelle. Ces groupes de secours se situent dans les grandes régions industrielles comme Bâle, Zürich, la Suisse centrale et l’arc lémanique. A noter que nous faisons bien attention à n’acquérir que des installations qui ne créeraient pas de nuisance sonore chez le voisinage.

Ces entreprises ont besoin de leurs installations aussi en cas de coupure d’électricité ?
Oui, c’est évident. C’est pour cette raison que les centrales sont mises à disposition seulement pour éviter une pénurie et maintenir l’approvisionnement. Si la situation devait être critique, ce serait alors les mesures contraignantes du Département fédéral de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) qui seraient mises en place. A ce moment-là, les différentes entreprises auraient à nouveau le contrôle de leurs installations, car des mesures d’économies d’électricité seraient ordonnées pour gérer l’approvisionnement. De même en cas de black-out (local ou généralisé), les entreprises peuvent à tout moment disposer de leur groupe de secours. La centrale de réserve ne vient utiliser ces ressources que de manière subsidiaire.

Est-ce un défi de trouver des entreprises mettant leur installation à disposition ?
La crise n’est actuellement plus dans les têtes des gens, ce qui rend l’acquisition beaucoup plus difficile que l’hiver passé. Les entreprises ne s’annoncent plus d’elles-mêmes. L’OFEN a dû démultiplier et démultiplie ces efforts pour acquérir la puissance de 280 MW. Nous pouvons aussi compter ici sur les efforts des agrégateurs, qui vont aussi à la rencontre des entreprises et les convainquent de participer à la réserve nationale. En plus, en participant à la centrale virtuelle de réserves, ils obtiennent un soutien financier non négligeable de la Confédération.

En quoi consiste ce soutien financier aux propriétaires ?
L’entretien ou la remise en service des installations est pris en charge par la Confédération tout comme les éventuels frais pour la mise en réseau. Il est important que les propriétaires puissent mettre rapidement leur installation à disposition. En cas d’appel à ces centrales, les frais d’approvisionnement en carburant sont pris en charge rapidement par la Confédération pour éviter des soucis de liquidité aux entreprises.

Les détenteurs de groupes électrogènes de secours qui souhaitent mettre leurs installations à disposition contre une indemnisation peuvent toujours s’annoncer auprès de la Confédération ou des 5 agrégateurs.

 

Interview et texte, Fabien Lüthi, communication Office fédéral de l’énergie
Image: Shutterstock

 

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