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Cher OFEN : Puis-je utiliser ma voiture électrique comme batterie déjà aujourd’hui ?


Dans notre série « Cher OFEN », nous revenons aujourd’hui sur des courriels de Monsieur R. et Madame J. au sujet de la recharge bidirectionnelle, leurs concessionnaires ayant affirmé que l’utilisation de cette fonction est illégale en Suisse.

Comment s’y retrouver dans la réglementation et au milieu d’abréviations comme V2H (Vehicle-to-Home, dans l’habitat individuel), V2B (Vehicle-to-Building, dans l’habitat collectif) et V2G (Vehicle-to-Grid, pour l’injection dans le réseau). Pour y voir plus clair, Energeiaplus a consulté Daniel Schaller, spécialiste en efficacité énergétique des transports à l’OFEN.

V2H (Vehicle-to-Home) et V2B (Vehicle-to-Building)
L’utilisation d’une batterie de voiture compatible V2B/V2H (ou d’une batterie stationnaire dans le bâtiment) pour alimenter une maison est tout à fait légale. Il est par exemple possible de charger sa batterie de voiture avec le réseau ou des panneaux photovoltaïques, et d’utiliser ensuite l’énergie accumulée pour sa propre consommation, par exemple la nuit ou par temps couvert. Le surplus d’électricité photovoltaïque qui ne passe pas par la batterie peut toujours être injecté dans le réseau et être rétribué au kWh.

De nombreux exemples V2B/V2H fonctionnels existent en Suisse, certains datant de plusieurs années. SuisseEnergie, un programme de l’Office fédéral de l’énergie, avait spécialement présenté cette thématique l’année dernière sur sa chaine youtube  :

Différentes solutions commerciales V2B/V2H prêtes à l’installation sont disponibles sur le marché.

V2G (Vehicle-to-Grid)
Contrairement à ce que l’on peut parfois lire ou entendre, le V2G n’est pas interdit en Suisse.
Le potentiel de cette technologie est donné par la mise en commun et le pilotage de la flexibilité de plusieurs (dizaines de) milliers de voitures (ou stations de recharge) compatibles V2G par un « agrégateur de flexibilité ». Ce dernier additionne les capacités de chaque véhicule V2G connecté à une borne V2G en une « capacité agrégée » (ou « pool de réglage »), puis la vend par exemple à Swissgrid ou un gestionnaire de réseau de distribution (GRD) pour rééquilibrer au besoin la fréquence du réseau ou resp. la tension du réseau électrique, et ce en l’espace de quelques secondes. Ce rééquilibrage est possible en injectant sur commande de l’électricité des voitures V2G dans le réseau, à des conditions contractuelles prédéfinies avec l’agrégateur de flexibilité. Ce dernier pilote ensuite la flexibilité mise à disposition au niveau des voitures. Dans ce cas, c’est la faculté du véhicule à répondre à un ordre et fournir un service qui est rétribuée, et non simplement le fait d’injecter dans le réseau de manière non coordonnée des kWh provenant par exemple de la production solaire.

Actuellement, la technologie V2G n’est explicitement mentionnée ni dans la Loi sur l’approvisionnement en électricité (LApEl), ni dans les ordonnances correspondantes, ni dans d’autres textes de loi. Mais le cadre réglementaire applicable à la mise en œuvre du V2G y est clairement défini, notamment en ce qui concerne les dispositions réglant la flexibilité, l’accès au réseau et l’injection d’électricité dans ce dernier.

Le deuxième volet d’ordonnances pour l’exécution de la « loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables », qui entrera en vigueur en 2026, facilitera le développement de modèles d’affaire économiquement viables avec le V2G. Pour les conditions de raccordement d’une borne de recharge bidirectionnelle (V2G), le chapitre 4.6 du manuel de l’AES correspondant s’applique.

Mobility (car sharing) a déjà testé le V2G en toute légalité à relativement grande échelle. Plus d’information sur ce projet sous : Recharge bidirectionnelle: Il faut plus de voitures électriques et des stations de recharge moins chères | Mobility Neo

La technologie V2G étant pour l’instant peu diffusée, les offres commerciales en la matière sont encore très limitées. Une montée en puissance est prévue à l’horizon 2028-2030, une fois que l’interopérabilité entre les voitures et stations de recharge bidirectionnelles sera généralisée.

Si l’on résume la situation:
Oui, en Suisse la mise en œuvre du V2H, V2B et V2G est légalement possible et bien réglée.

Daniel Schaller, spécialiste en efficacité énergétique des transports à l’OFEN et Fabien Lüthi, communication Office fédéral de l’énergie
Image: Shutterstock

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