Un bâtiment sans aucune émission de gaz à effet de serre, cela veut dire quoi exactement?
A la fin 2022, l’Office fédéral de l’énergie OFEN a mis au concours le projet de recherche « Net-zéro émissions de gaz à effet de serre dans le domaine du bâtiment » afin de comprendre ce que signifie „net-zéro“ dans le domaine du bâtiment en Suisse. Il en est ressorti 5 rapports partiels et un rapport de synthèse.
Energeiaplus a posé ses questions à Andreas Eckmanns: il est responsable du domaine Recherche Bâtiment de l’OFEN. Il a initié et suivi de près le projet.
Energeiaplus: Dans quel but le rapport „Net-zéro émissions de gaz à effet de serre dans le domaine du bâtiment (NN-THGG) “ a-t-il été rédigé?
Andreas Eckmanns: L’objectif déclaré du projet de recherche était d’élaborer une définition commune de «Zéro émission nette de gaz à effet de serre dans le domaine du bâtiment» pour la Suisse, qui soit acceptée par tous les acteurs et puisse servir de base à la fixation de valeurs limites et de valeurs cibles dans les normes et les réglementations. Afin d’obtenir une large adhésion, un groupe de suivi a été mis en place avec différents acteurs de la Confédération, des cantons, des labels bâtiments et de la SIA. Pour élaborer la définition commune de „net-zéro” mentionnée ci-dessus, il a fallu combler diverses lacunes, notamment : comment définir l’objectif de zéro émission nette et les périmètres de système associés dans le secteur du bâtiment, quelles trajectoires de réduction y mènent et quelles conditions-cadres sont nécessaires pour atteindre l’objectif fixé.

Andreas Eckmanns, responsable du domaine Recherche Bâtiment de l’OFEN
Energeiaplus: A qui s’adresse ce rapport final?
Andreas Eckmanns: 5 rapports partiels et un rapport de synthèse ont été publiés dans le cadre du projet. Ce dernier s’adresse aux décideurs politiques, législatifs et économiques. Il résume les conclusions et les messages clés de manière accessible à tous. Les rapports partiels sont rédigés dans un langage scientifique et s’adressent principalement aux experts.
La définition commune et largement acceptée du calcul des bâtiments à consommation énergétique net-zéro est l’un des principaux résultats de ce projet.
Energeiaplus: En quoi ce projet se différencie-t-il des autres effectués précédemment dans ce domaine?
Andreas Eckmanns: Comparé à d’autres projets de recherche dans le domaine du bâtiment, celui-ci a bénéficié dès le départ d’une attention beaucoup plus grande. Cela s’explique d’une part par l’urgence du sujet, d’autre part par le grand intérêt des parties prenantes, qui se sentaient obligées de trouver des réponses. Mais les responsables du projet et l’OFEN ont également dû faire preuve d’un grand engagement et d’une grande bonne volonté pour que les questions urgentes puissent être résolues dans un délai raisonnable.
Energeiaplus: Le rapport énonce différentes recommandations. Lesquelles sont selon vous les plus importantes pour aller vers le zéro émissions dans le domaine des bâtiments?
Andreas Eckmanns: Les recommandations les plus importantes sont énumérées dans le rapport de synthèse. Il y en a 13 au total, réparties entre les différents destinataires de la politique et de l’administration, des normes et labels de bâtiment, de l’industrie et des secteurs transversaux. À mon avis, la mesure la plus urgente est l’introduction de valeurs limites légales pour les émissions de gaz à effet de serre grises des bâtiments. Cela est déjà prévu comme un module obligatoire dans le nouveau Modèle de prescriptions énergétiques des cantons (MoPEC). Il est toutefois important de ne pas fixer des exigences trop laxistes. L’expérience montre que des exigences élevées conduisent à des solutions innovantes. Nous en avons un besoin urgent pour atteindre les objectifs climatiques.
Energeiaplus: Avez-vous déjà eu un retour sur ce rapport des spécialistes de la branche de la construction
Andreas Eckmanns: Parallèlement aux travaux de recherche en cours, la SIA a élaboré la norme «SIA 390/1- La voie du climat». Un retour important de la consultation sur cette norme a été de refléter dans la norme les principes méthodologiques élaborés dans le projet de recherche. Ainsi, les résultats du projet de recherche ont pu être intégrés dans la norme SIA, qui est entrée en vigueur en janvier de cette année. C’est un record, car ce processus dure normalement 5 ans ou plus et n’a été possible que grâce à une discussion intensive et constructive entre les parties prenantes et l’équipe du projet. Le secteur de la construction dispose ainsi d’un outil qui peut être immédiatement mis en pratique.
Energeiaplus: Le net-zéro d’ici 2050 dans le domaine du bâtiment est-ce réaliste?
Andreas Eckmanns: Les travaux ont montré que l’objectif de zéro émission nette est loin d’être atteint dans le scénario de base déjà ambitieux. Cependant, si l’on prend en compte les efforts qui vont au-delà des mesures actuellement envisagées, l’objectif fixé par la loi sur le climat et l’innovation (LCl) pour le domaine du bâtiment est en principe réalisable, à condition que tous les leviers disponibles soient actionnés. Aujourd’hui nous sommes encore loin du compte et le temps presse. Il est donc nécessaire de mettre rapidement en œuvre de nouvelles mesures de décarbonisation du secteur du bâtiment, tant au niveau politique que dans l’industrie de la construction.
Energeiaplus: Est-il prévu de publier un nouveau rapport dans une dizaine d’année pour observer l’évolution?
Andreas Eckmanns: Le présent projet de recherche sur le net-zéro a jeté les bases. Pour que la trajectoire de réduction développée dans le projet puisse être suivie, il est nécessaire de renforcer les lois et les normes correspondantes par étapes de quelques années. Les groupes d’acteurs concernés sont maintenant appelés à mettre en œuvre ces mécanismes. L’Office fédéral de l’environnement OFEV utilise comme base l’évolution annuelle des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs.
Sandrine Klötzli, Communication, Office fédéral de l’énergie. Image: shutterstock, OFEN
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